Cyndi Dupuis (CD): Bonjour Jean Luc Angrand, dans votre livre « Je décode les chefs-d’oeuvres»vous avez décodé la statue de Moïse sculptée par Michelangelo.
Jean Luc Angrand (JLA):
Oui il n’y a pas que Moïse dans cette statue.
À première vue il s’agit d’une statue représentant, le Prophète Moïse; cela est exacte en lecture ordinaire.
Néanmoins nous sommes ici dans une période de l’histoire de l’art italien, la Renaissance, où les artistes aimaient jouer avec des codages hermétiques, qu’ils introduisaient dans leurs œuvres. Il y a donc souvent une double lecture à avoir de leurs créations; c’est ici le cas avec l’extraordinaire Michel Angelo.
Clairement le personnage de Moïse se double ici d’une lecture non plus seulement biblique mais aussi antique. Moïse est aussi Hercule, le demi dieu grecque, fils du dieu suprême Zeus.
Il arrivait aussi que les artistes intègrent des signes du zodiaque, cachés dans leurs œuvres; Michel Angelo la fait pour cette œuvre. L’ensemble de ces codes sont très simples mais invisibles aux personnes non formées à l’hermétisme de cette époque; et à sa grammaire ésotérique.
CD: Comment voir cette grammaire ésotérique ?
JLA:
Nous allons donc procéder comme en mathématique pour faciliter la compréhension.
Souvenez vous lorsque vous vous trouviez en classe, face une Fraction beaucoup trop lourde et que votre professeur, vous demandez de la décomposer afin d’en faciliter le calcul.
Cette statue représente en lecture ordinaire Moïse soudain pétrifié de crainte et d’admiration à la vue du buisson ardent (manifestation de Dieu) sur le Mont Sinaï. Noun final en hébreux.
Un état mental nommé «Noun final» par le judaïsme dans sa dimension kabbaliste.
La posture de la statue de Michel Angelo inspira probablement Botticelli pour sa peinture Pallas et le Centaure; avec un Centaure/Moïse et une Pallas/la Vierge : voir le descriptif de cette peinture qui est présent dans ce livre « Je décode les chefs-d’oeuvre ».
La statue de Moïse tourne son visage vers une fenêtre haute (fermée de nos jours) par laquelle le soleil était au plus fort de sa brillance vers midi. Michel Angelo fit certainement jouer à la lumière du zénith du soleil le rôle du buisson ardent éclairent le visage du prophète.
CD: Pourquoi Moïse porte t-il des cornes ?
JLA:
Dans la kabbale juive, les cornes symbolisent la prise de conscience soudaine, de la présence de l’Éternel, le Noun final. Voilà donc pourquoi cette statue porte des cornes lorsqu’elle perçois à sa droite en haut, la lumière du buisson ardent. Moïse est pétrifié de crainte et d’admiration.
Buisson ardent joué probablement par une fenêtre désormais murée. De nombreux juifs, comme nous l’indique l’historien Giorgio Vasari ami de Michel Angelo, venait voir cette statue. Venaient t-il un jour particulier de l’année où la lumière du soleil passait par la fenêtre, irradiée ce chef-d’œuvre ?
CD : Jésus est aussi dans la statue ? Comment en êtes vous arrivé à cette certitude ?
JLA:
Vous allez comprendre pourquoi la statue est assise; c’est fondamentale.
Il est dit plus de vingt cinq fois dans les textes bibliques que Jésus est mort et ressuscité pour enfin s’asseoir à la DROITE de Dieu son père.
«Oracle du seigneur à mon seigneur, Siège à ma droite et je ferai de tes ennemis le marche pied de ton trône» - Psaume 109(10)
Que voyez vous ?
Concentrez vous.
Vous voyez Moïse assit ?
À première vue oui cela est exacte ! Il s’agit bien de Moïse observant avec sidération le buisson ardent (Noun final).
Il s’agit aussi de Jésus assit à côté de son père au ciel; Moïse devient donc subitement Jésus par cette posture étrange qui ne correspond en rien au récit biblique du premier testament.
Jésus observe donc son père l’Éternel quand il s’assit à sa droite; c’est la raison pour laquelle la statue est assise sur un trône. Une posture christique.
C’est d’ailleurs cette bizarrerie qui à fortement interrogée Sigmund Freud quand il en a fait l’analyse.
« Un tableau célèbre du Parmesan, dans sa ville natale, montre Moïse assis, en haut de la montagne, et jetant les tables à terre, alors que le verset biblique dit expressément qu’il les a brisé au pieds de la montagne. Déjà la représentation d’un Moïse assis ne correspond à rien dans le texte de la bible et semble plutôt donner aux experts qui estimaient que la statue de Michel-Ange ne chercher pas à fixer un moment déterminé de la vie du héros. »
Sigmund Freud, 1914, Le Moïse de Michel-Ange
CD: C’est passionnant. Y a t-il d’autre codes cachés ?
JLA:
Il y a aussi une gigantesque étoile de David dans le tombeau dont fait partie la statue mais cela serait trop long à développer.
CD: Tout cela se trouve dans votre livre. Merci Jean Luc Angrand d’avoir partagé votre savoir
JLA: c’est moi qui vous remercie Cindy.
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